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ÉLITE Vol.1, numéro 20, août 2021
Vol.1, numéro 20, août 2021
En plus de changer le système politique, les récentes décisions de Ali, avec l'aide de la Confrérie, à travers le rachat d'actions
Saïd signifient l'exclusion des Frères musulmans de leurs derniers de sociétés tunisiennes, banques, chaînes et journaux,
lieux de présence active en Afrique du Nord, après avoir subi de directement ou indirectement (par leurs clients de la
lourdes frappes ces dernières années, que ce soit en Égypte après Confrérie en Tunisie). C'est ce que le président Saïed a
juillet 2013, en Libye après les élections législatives (Tobrouk) de déclaré dans ses discours qu'un grand nombre de
2014 ou récemment au Soudan avec la révolution de 2019 qui a responsables étaient impliqués dans « la corruption et le
renversé le régime d'Al-Bashir. Sur le plan logistique, la Tunisie a pillage des ressources du peuple tunisien », car la plupart de
été le dernier bastion de la Confrérie en Afrique du Nord et le ces actions ont été vendues par le biais d'offres, et n'ont pas
dernier débouché pour la mise en œuvre du projet « empowerment été mises en bourse ou aux enchères publiques. C'est ce qui
2028 » (avec le centenaire du groupe), qui a été développé par la rend la situation tunisienne aussi proche que possible de la
situation libanaise, dont l'économie est aussi une arène de
Confrérie en coopération avec le président turc Erdogan depuis conflit pour l'influence internationale (notamment du Golfe
2006, et vise à contrôler et à pénétrer toutes les articulations de la et des capitaux iraniens) sans bénéfice en termes
gouvernance dans les pays d'Afrique du Nord et la déclaration de d'investissements et d'opportunités d'emploi.
Tripoli comme capitale de cet État élargi des Freres, sous l'égide
d'une « règle néo-ottomane ». Ainsi, il est possible de faire la lumière sur les réactions
internationales aux décisions de Kais Saied, où les
A cet égard, il est necessaire de mentionner que la Tunisie fait face puissances mondiales ont adopté une approche prudente ou
à de sérieux défis pour mettre en œuvre sa transformation en un le « wait and see » jusqu'à présent. L'attaché de presse de la
système politique présidentiel par lequel le président est Maison Blanche, Jen Psaki, a déclaré que les États-Unis
directement élu par le peuple et jouit de ses pleins pouvoirs étaient "préoccupés", et plus tard le lundi 26 juillet 2021, le
(comme c'est le cas aux États-Unis). Ces défis sont représentés en secrétaire d'État américain Anthony Blinken s'est entretenu
premier lieu par la possibilité que les Frères recourent à la violence avec Saied, et a dit dans sa déclaration qu'il encourageait ce
et aux méthodes terroristes, et c'est ce qu'a déclaré le leader libyen dernier à "s'engager à les principes de la démocratie et des
Salah Al-Haddad, un transfuge des Frères musulmans, mettant en droits de l'homme" en Tunisie. Quant à la réponse de l'UE,
garde les contacts et rencontres continus entre les Frères de la elle était tout aussi vague, exhortant toutes les parties à «
Tunisie et les chefs de milice en Libye. Ainsi, on s'attend à ce que rétablir l'ordre et reprendre le dialogue ». Quant à la
des armes et des milices soient introduites en contrebande aux Turquie, ou plutôt le parti au pouvoir : la Justice et le
frontières de la Tunisie, et nous pourrions assister dans les Développement(AKP) allié à Ennahda, a qualifié la
prochains jours à un scénario douloureux d'action armée et de démarche d’"illégitime", et "ceux qui infligent ce mal à nos
violence, comme ce qui s'est passé en Libye depuis 2014. Ce défi frères et sœurs, le peuple tunisien, nuisent à leur pays", a
est exacerbé par l'idée que l'armée tunisienne n'a historiquement ajouté le ministre turc des Affaires étrangères. Quant aux
aucun rôle dans la sphère politique et peut rencontrer des pays arabes, certains analystes voient dans les décisions de
Saied le reflet d'un soutien clair des forces anti-islamistes et
difficultés face à ces groupes armés non conventionnels contre-révolutionnaires de la région, principalement
(contrairement aux forces armées égyptiennes dans le Sinaï).
l'Arabie saoudite (surtout après la visite du ministre
saoudien des Affaires étrangères au palais de Carthage le 31
Un autre défi pour les dirigeants tunisiens est de trouver, - à la juillet 2021 pour confirmer le soutien du Royaume aux
lumière de la crise économique actuelle, un partenaire économique décisions de Saeid) et les Émirats arabes unis, comme ils
alternatif au Qatar, qui a hérité l'économie tunisienne après Ben l'ont fait en soutenant la révolution de juin 2013 et le
lieutenant-général Abdel Fattah El-Sisi à l'époque.
Enfin, à la lumière des querelles de protestation qui ont
émergé depuis lundi dernier et rendent la situation plus
volatile, on peut d'abord se demander s'il est possible pour
Saeid et les partis politiques de désamorcer les tensions et
de négocier une sortie de crise, ainsi que sur l'importance à
cet égard de l'Union générale du travail et d'autres acteurs
de la société civile pour aider à trouver une issue à cette
crise ? Et deuxièmement, est-il vraiment possible pour
Ennahda de faire des concessions majeures, de changer de
direction et d'accepter une réforme constitutionnelle
(comme le souhaite Saïd) et de devenir ainsi une véritable
exception tunisienne, ou va-t-elle abandonner l'espace civil
qu'elle a coupé et revenir à ses origines et se tourner vers
une violente réaction de « milice »?, en particulier avec sa
direction dominée par une faction radicale.
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